vendredi 25 décembre 2015

Un sourire

"Sifflote un peu pour croire que tout ne va pas si mal que ça, et surtout souris, n'oublie pas de sourire! Souris pour escroquer ton désespoir, souris pour continuer de vivre, souris dans ta glace, devant les gens et même devant cette page. Souris avec ton deuil plus haletant qu'une peur. Souris pour croire que rien n'importe, souris pour te forcer a feindre de vivre, souris toute ta vie à en crever et jusqu'à ce que tu en crèves, de ce permanent sourire."
Albert Cohen


"Accroche un sourire à ton visage, ça lui donne du charme."
Roland Delisle

jeudi 24 décembre 2015

Le rugissement du coeur

"Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit."
Mark Twain

Gouache
24/12/2015

"Mieux vaut vivre un seul jour comme un lion que cent années comme un mouton."
Ernest Hemingway

jeudi 17 décembre 2015

Giton et Phédon

Giton

Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche : tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole : on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler ; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit du talent et de l’esprit. Il est riche.


La Bruyère Les caractères "Des biens de fortune" (83)


Au fusain
17/12/2015


Phédon
Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre; il dort peu, et d'un sommeil fort léger; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l'esprit l'air d'un stupide: il oublie de dire ce qu'il sait, ou de parler d'événements qui lui sont connus; et s'il le fait quelquefois, il s'en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis; il court, il vole pour leur rendre de petits services. Il est complaisant, flatteur, empressé; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur; il est superstitieux, scrupuleux, timide. Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre; il marche les yeux baissés, et il n'ose les lever sur ceux qui passent. Il n'est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde. Il n'occupe point de lieu, il ne tient point de place; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n'être point vu; il se replie et se renferme dans son manteau; il n'y a point de rues ni de galeries si embarrassées et si remplies de monde, où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. Si on le prie de s'asseoir, il se met à peine sur le bord d'un siège; il parle bas dans la conversation, et il articule mal; libre néanmoins sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère. Il n'ouvre la bouche que pour répondre; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu'il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c'est à l'insu de la compagnie: il n'en coûte à personne ni salut ni compliment. Il est pauvre.

La Bruyère Les caractères "Des biens de fortune" (84)

Au fusain
17/12/2015


Et s'il y avait un juste milieu? Sans excès!
Il existe quelque part! Il faut juste le trouver!

mercredi 16 décembre 2015

Regarder les filles pleurer

Qu'elles soient Florentines ou d'Argentine
Petites Françaises, bonnes manières
Qu'elles viennent des mers de Chine
Ou du fond des Angleterre
Qu'elles aient les cheveux roux ou la peau noire
Qu'elles soient indiennes ou filles d'un soir
Quand elles ont du Christ à l'âme
Elles sont belles à se pendre
Qu'elles soient riches de l'âme ou pauvres de l'esprit
De bonne famille ou bien des rues
Qu'elles s'appellent Philomène ou Églantine
Qu'elles aient des allures d'ombre de Marilyne
Quand elles sont seules au bar, qu'on dirait des nonnes,
Qui ont perdu leur église, qui ont plus rien que des hommes
Pour espérer rencontrer Dieu
Pour éponger la bruine à leurs yeux

Moi j'aime bien regarder
Regarder les filles pleurer
Ça me rend gai

Qu'elles aient le cerveau de pas grand chose
Qu'elles soient littéraires philosophes à leurs heures
Quand elles prennent leur âge,
Elles me ressemblent un peu
Quand elles sont toute fragiles comme une eau qui dort
Quand elles vendent leur corps pour quelques sous
Quand tu mets la forme qu'elle disent oui à tout
Quand elles croient qu'elles sont libres quand elles se donnent
Dans les bras du malin quand elles s'abandonnent
Qu'elles soient de Byzance ou de Syracuse
De Belgrade qu'elles soient de celles qui ne pleurent plus
Qu'elles trainent au soleil de Moscou
Qu'elles jouent les marquises des nuits
Les filles prêtes à tout
Qu'elles soient paysannes ou filles de ministre
Ouvrières perdues dans la fourmilière
Qu'elles travaillent à l'usine
Qu'elles soient fille de l'art
Qu'elles aient les mêmes allures de pute que leur mère

Moi j'aime bien regarder,
Regarder les filles pleurer
Ça me rend gai

Mais dans les villes, dans les campagnes
Moi je vais comme un assassin en campagne
Et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses

Au fusain
13/12/2015

Moi je suis qu'un pauvre gars
Ils m'appellent l'idiot
Celui qui fait peur aux bêtes
Qui fait mal aux oiseaux
Mais faut pas croire tu sais
Moi j'suis pas méchant
J'ai juste l'air maladroit
Je sais juste pas comment,
Faut leur parler aux filles, faut leur parler aux filles
Moi quand je vois les larmes, leur tomber la joue
Moi quand je vois les larmes leur tomber la joue

Moi j'voudrais leur dire qu'elles sont belles
Puis qu'il faut pas qu'elles pleurent pour un idiot
Puis qu'il faut qu'elles arrêtent d'être connes
Et de tomber toujours amoureuse
De celui qui faut pas et que moi si elles voulaient moi
Moi j'serais toujours gentil avec elles
Mais les filles elles aiment pas qu'on soit gentil, elles aiment pas

Alors, moi, dans les villes dans les campagnes
Moi je vais comme un assassin en campagne
Et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses
Oui dans les villes, dans les campagnes
Moi je vais comme un assassin en campagne
Et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses

Quand elles sont seules au bar, ou sur les trottoirs
Crucifiées par des siècles d'histoire
Quand on regarde un peu plus près
C'est sur qu'on peut se dire
Que c'est elles qui ont porté
Et qui portent la croix du monde
Sur leurs ailes

Saez - Regarder les filles pleurer

dimanche 13 décembre 2015

L'art

C'est quoi l'art?

"L'art, mes enfants, c'est d'être absolument soi-même."
Paul Verlaine


Que peut-on considérer comme de l'art?

Est-ce que tout est art?

L'art est partout!

"L'art lave notre âme de la poussière du quotidien."
Pablo Picasso